traces: commence le billet sur samuel constant

une visite à la rue où habitais un ami décédé, en revenant de l'ORL.

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iGor milhit 2021-04-25 21:33:33 +02:00
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title: "Samuel ORL Constant"
date: 2021-04-25T20:50:52+02:00
draft: true
categories: ["traces"]
tags: ["Phil", "ORL", "vestibule", "Samuel Constant", "vie"]
slug: samuel-orl-constant
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L'autre jour[^1], je rentrais en vélo d'une visite chez un ORL rive-droite, et
après avoir vu une clématite en fleur, des fleurs roses-pâles, je me suis
retrouvé devant l'école d'ingénieur, sur cette piste cyclable qui m'engage dans
une direction pas tellement logique, mais c'est normal, on ne fait pas toujours
ce qu'on veut -- à vrai dire, c'est plutôt rare, autant ne pas s'agripper avec
raideur à ce qu'on croit vouloir -- et cette fois, je l'ai pris comme une
invitation à un bref détour, une invitation à passer dans ta rue, rue
Samuel-Constant, pour la descendre en direction du numéro 1, là où tu as vécu
les 25 dernières années de ta vie, là où tu es mort, là où j'étais arrivé trop
tard, bien trop tard, un premier juin au soir.
Jusqu'ici, je craignais repasser dans cette rue, ce coin aimé de la ville, aimé
parce que tu y habitais, parce qu'avec toi, j'y avais vécu plein de choses, des
drôles, des anodines, des tristes, des glauques parfois. Un coin de rue ami. Va
savoir, là, ça va bientôt faire deux ans que tu n'habites plus là, ni nulle
part, tu n'habites plus le monde ailleurs que dans nos souvenirs. Et puis, la
visite chez l'ORL avait été un bon moment, un moment réconfortant, un de ces
rares moment où tu as l'impression que la médecine est aussi une science, avec
des mesures objectives, sur lesquelles on peut se mettre d'accord, un de ces
moments comme il doit y en avoir peu dans une vie, où tu as l'impression
d'enfin pouvoir nommer un truc, savoir quelque chose, peut-être même faire
quelque chose. Bref, je n'ai pas été triste, ou alors pas triste comme prévu,
une tristesse beaucoup plus lumineuse, réconfortante.
Les stores de ton ancien appartement, au rez-de-chaussée, étaient levés.
Manifestement, ça avait été refait, remarque après 25 ans, ça aurait pu être
refait de ton vivant. C'était clair. Et coloré. Il y avait un bouquet de
fleurs. Et une jeune femme assise à une table, certainement devant un
ordinateur, peut-être portable, dans un coin vraiment petit, juste là où il y
avait ton portrait en samouraï, chignon et barbichette. C'est con, bien sûr,
les vivant·es sont souvent cons quand ils pensent à la place des mort·es, mais
je me suis dit que ça t'aurait plu: place aux jeunes, en quelque sorte. Je ne
sais pas si ça t'aurait plu, peut-être que tu aurais préféré vivre, pas
certain. Mais tu aimais bien savoir que d'autres vivaient. Quoi qu'il en soit,
moi, ça m'a plu. Il se passe des choses au Samuel-Constant numéro 1, en en
apparence, ça a l'air, je ne sais pas comment le dire autrement, vivant.
Je trouve que c'est un bel hommage.
[^1]: Le mercredi 21 avril 2021, vers les 10:00.