diff --git a/archetypes/explorations.md b/archetypes/explorations.md new file mode 100644 index 0000000..58217e5 --- /dev/null +++ b/archetypes/explorations.md @@ -0,0 +1,9 @@ +--- +title: "{{ replace .Name "-" " " }}" +date: {{ .Date }} +draft: true +categories: ["explorations"] +tags: [""] +slug: {{ .Name }} +--- + diff --git a/content/blog/le-renoncement-comme-un-terreau.md b/content/blog/le-renoncement-comme-un-terreau.md new file mode 100644 index 0000000..f5a6f07 --- /dev/null +++ b/content/blog/le-renoncement-comme-un-terreau.md @@ -0,0 +1,53 @@ +--- +title: "Le renoncement comme un terreau" +date: 2019-09-30T06:37:33+02:00 +draft: false +categories: ["explorations"] +tags: ["climat", "renoncement", "reconstruire", "esthétique"] +slug: le-renoncement-comme-un-terreau +--- + +Depuis cinquante, quarante, trente, vingt, dix ans, nous n'avons en aucun cas +progressé, avancé, initié un quelconque geste dans la bonne direction, nous +avons simplement poussé plus loin le bouchon, collé la jauge au sommet de la +graduation, dans le rouge, dans le rouge, le sourire aux lèvres, satisfaits de +ne l'être jamais, alors que depuis au moins un siècle, nous savons, la physique +est solide. Peut-être est-ce normal, la révolution copernicienne à faire est +plus existentiellement affreuse que le décentrement de la Terre, le +décentrement du système solaire, de la galaxie, de l'animal humain passé de +créature de dieu à simple membre de la famille des primates, les *grands* +singes, quelle consolation. Jusqu'à la conscience qui a dû laisser sa place +à la bestiole qui nous échappe, nous échappera toujours. + +Voilà qu'il était pénible de quitter notre place privilégiée au sein d'un +Univers rassurant, à notre mesure, et de se retrouver pas si différents qu'un +colonie de bactéries sur un grain de poussière, là par hasard, là de manière +temporaire, voué à la destruction, dans n'importe quel coin d'un univers +démesuré, inconcevable, inhospitalier, et semble-t-il mortel. Mais, +au moins, nous pouvions nous gaver, construire des digues contre l'angoisse, +proliférer comme une maladie et dresser des systèmes hyper-industrialisés +devant la face hideuse de la finitude. + +En vain, bien sûr, mais à condition de n'être pas trop regardant, de supporter +le mal du siècle, à chacun le sien, on pouvait encore faire semblant de croire +à l'illusion. Et désormais, cette « fête » est terminée, l'avenir sera pire. +Les rêves de notre inconscient collectif, les rêves hérités de génération en +génération étaient mortifères, ils sont morts. Ils ne sont pas les seuls, +bien sûr. Mon ami est mort, mes amis sont morts, mes grands-pères, mes +grand-mères, mes oncles, et tant d'autres, sont morts. C'est la vie, mais il +y a autre chose aussi qui est mort, et nous ne faisons que commencer à le +comprendre, à le découvrir, il faudra en faire le deuil. Un peu comme si toutes +le voies, toutes les issues de secours étaient condamnées, l'appel de Mars en +est le meilleur signe, la folie désespérée du toxicomane qui ne peut se +résoudre à accepter, à abandonner, à renoncer, à laisser tomber. Et faire face +au manque. + +Le manque. + +Le manque, duquel tout peut naître. Peut-être pas tout, justement, mais qui est +source de possibles. Alors que le refus de ce manque, la rage de vouloir le +combler coûte que coûte ne peut mener qu'à l'épuisement. Et c'est bien ce +manque, l'abandon qui rend possible son acceptation, le renoncement aux +illusions qui nous occupent l'esprit, qu'il s'agit d'écrire, de dessiner, de +chanter, de peindre, de rêver, de rendre désirable. De reconnaître dans les +petits gestes quotidiens que l'on peut observer ici ou là, à côté de soi.