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title: "Crans et accélération"
date: 2024-11-11T10:03:40+01:00
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categories: ["explorations"]
tags: ["génocide", "extrême droite", "catastrophe", "lutte"]
slug: crans-et-accélération
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Nettoyage ethnique, génocide, inondations rendues plus dévastatrices grâce au
développement, peut-être même durable, réélection de Trump (et redéfaite de
l'option centriste, très logiquement), la majorité de la presse dominante qui
marche au pas, le doigt sur la couture, aux ordres de l'hégémonie culturelle de
l'extrême droite qui a avalé la droite grâce à la collaboration du centre, et
j'en passe, les listes de catastrophes sont une autre forme de catastrophe, une
couche de plus. L'idée générale est que non seulement ça ne cesse d'empirer,
mais que le mouvement s'accélère, et qu'à chaque «clic» un cran est
enclenché, un cran qui signifie qu'il n'y aura pas de retour à la situation
précédente, sans compter que ce serait une autre forme de défaite que de
vouloir retrouver cette situation. Oui, tout cela ressemble à des périodes de
l'histoire qu'on peut lire dans les manuels, mais justement, ça devrait mettre
la puce à l'oreille, parce que les manuels passent sous silence l'essentiel,
malgré toute la bonne volonté du monde. À vrai dire, il faudrait que je les
relise, ils ont dû changer, et peut-être qu'aujourd'hui dans le chapitre des
fascisme et nazisme, on y trouve des extraits du *Discours sur le colonialisme*
de Césaire.
{{< blockquote lang="fre"
author="Aimé Césaire"
title="Discours sur le colonialisme"
link="https://www.larevuedesressources.org/IMG/pdf/CESAIRE.pdf"
>}}
J'ai beaucoup parlé d'Hitler. C'est qu'il le mérite: il permet de voir gros et
de saisir que la société capitaliste, à son stade actuel, est incapable de
fonder un droit des gens, comme elle s'avère impuissante à fonder une morale
individuelle. Qu'on le veuille ou non: au bout du cul-de-sac Europe, je veux
dire l'Europe d'Adenauer, de Schuman, Bidault et quelques autres, il y a
Hitler. Au bout du capitalisme, désireux de se survivre, il y a Hitler. Au bout
de l'humanisme formel et du renoncement philosophique, il y a Hitler.
{{< /blockquote >}}
Aujourd'hui, au bout du cul-de-sac Europe, il y a un génocide soutenu par nos
gouvernements, par une partie significative de nos représentantes et
représentants politiques, du pouvoir économique. Au bout de ce cul-de-sac, il y
a l'absence d'alternative politique aux États-Unis d'Amérique du Nord et la
victoire sans partage du suprémacisme blanc (et mâle, cela va sans dire), qui
ne semble pas trop déplaire à nos classes dirigeantes, capables de s'adapter à
tout, surtout au pire, enfin tant que ce n'est pas la catastrophe climatique,
de la pollution, de l'effondrement de la biodiversité, parce que sur ce point,
c'est le mantra « *no future* ».
Pourtant, nous ne sommes pas seules à vouloir d'autres mondes, à avoir des
propositions concrètes pour vivre et reconnaître la légitimité des désirs de
vivre des autres. Non seulement nous ne sommes pas seules, mais il se pourrait
bien que nous soyons les plus nombreuses et nombreux. Que faire d'autre si ce
n'est prendre exemple sur celles et ceux d'entre nous qui s'engagent, engagent
leur vie, leur corps, leur intégrité, dans la lutte? Prendre exemple sur
celles et ceux qui s'engagent pour faire que la vie… plutôt que la mort.