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title: Croisades
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date: 2021-09-11T21:52:42+02:00
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categories: ["traces"]
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tags: ["neocons", "droitisation"]
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slug: croisades
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Je me souviens surtout du lendemain. Ou dans les jours qui suivirent, la
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chronologie n’est pas si importante. On croît que tout bascule à une date
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précise, alors que ce n’est qu’un effet de prise de conscience. Une décennie
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après la chute de l’empire soviétique, on se disait qu’on allait pouvoir se
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débarrasser de l’empire capitaliste. Quoique l’on ne le croyait pas vraiment,
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on avait surtout vu une guerre du Golfe de plus. Mais quand même, on rêvait de
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possibles dérives vers la gauche, pour changer.
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Et soudain, les croisades. Non pas par un obscur allumé rejouant ses humanités
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dans un grenier d’une maison de maître. Par *{{< abbr text="POTUS"
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title="President Of The United States" >}}*. OK, un allumé, mais censé
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être un minimum sérieux. De la propagande impérialiste, d’accord, je veux bien,
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mais là, croisade et vengeance ? Du haut de mes 27 ans, je suis tombé, cheville
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foulée, coccyx fissuré. Sur le cul, quoi.
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On en était là ?
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Vraiment ?
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Je croyais pourtant que les sciences nous avaient suffisamment décentré·es pour
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que l’on ne retombe plus dans des pièges aussi grossiers. Alors qu’au
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contraire, la plus grande démocratie du monde, montrant le chemin, comme
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toujours, élisait de si grossiers personnages. Que tout le monde, ou presque,
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allait s’empresser de suivre et d’acclamer. Une de démonstration qu’en effet,
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sapiens est plus proche des chimpanzés que des gorilles. Mais vraiment proche.
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Comme je n’avais rien de plus important à faire, je suis allé fouiller les
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bibliothèques de la Ville et du Canton, universitaires et publiques, me disant
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que depuis que j’avais traîné dans la machine à documentaire[^1], les
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connaissances sur l’animal humain en général, la biologie, devaient avoir
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progressé, suffisamment pour que l’on se moque d’un tel discours obscurantiste.
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Les croisades, voyons.
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Et de fait, les ouvrages synthétiques sur l’histoire des hominidés, de
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l’origine matérielle de la vie et même sur les ontologies matérialistes
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montraient bien de substantiels progrès. Mieux que ça, des évolutions, des
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changements complets de regards, la réinsertion de l’humain dans son animalité,
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au sens noble du terme. Bref, les croisades et les guerres de vengeances (vite
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déguisées de milles et une manières peu subtiles), non seulement c’était
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ringard, mais à ranger aux oubliettes d’Alzheimer.
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En vingt ans, ce grand fossé entre ce que le meilleur de nos cultures est
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capable de produire comme savoir sur le monde et ses habitants et les discours
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et motivations politiques des gouvernements et des nations, et des
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regroupements de nations, s’est fait mer, océan, espace intersidéral, c’est
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sidérant.
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Heureusement qu’il y a eu le grand badaboum de la finance en 2007. Enfin,
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« heureusement », on se comprend, parce que ça encore été une sacrée boucherie
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cette affaire. L’une après l’autre, depuis toujours.
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Et aujourd’hui, monsieur et madame tout le monde, enfin je veux parler des
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beaufs avec de l’épargne, se réveillent et partent en …croisade, justement,
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encore cette horreur, contre des moulins à vents. Et sans panache aucun.
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Presque la bave aux lèvres.
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Est-ce que tout ça méritait un billet de blog ? Certainement pas, mais voilà,
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je n’ai pas pu m’empêcher ce soir. Mes plates excuses.
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[^1]: Vu ainsi, l'école pouvait me sembler supportable.
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